En modifiant profondément le visage de la région, les révolutions arabes deviennent, par essence, un enjeu régional et international. Tel est lobjet de cet ouvrage qui étudie les analyses et les manœuvres des États non-arabes face à ces événements dont ils ne sont pas des acteurs directs. Nous retrouvons ainsi au rang mondial, les États-Unis, lEurope, la France, face à la Russie et à la Chine, et sur le plan régional, la Turquie, lIran et Israël. Ces puissances adaptent leur analyse de la région, reconsidèrent leurs intérêts, et reformulent des hypothèses pour lélaboration de leurs politiques. En effet, les États qui se prévalent dune politique étrangère ambitieuse doivent se positionner pour limiter ou accompagner ce mouvement, à défaut de lavoir prévu. Trois options se présentent à eux. Ils peuvent être spectateurs, volontaires ou forcés, dun processus qui les devance et les déborde. Les puissances se sont ainsi dabord distinguées par leur manque de vision et de propositions. Puis, faisant un pari sur lavenir, elles ont tenté dêtre des empêcheurs ou au contraire des accélérateurs, comme lillustre leur position sur la crise syrienne. Or faire obstacle à ces mouvements est difficile à justifier du point de vue des valeurs, doù la mobilisation de discours alarmistes, appuyés sur une représentation exagérée ou mensongère des manifestants et de leurs revendications. À linverse, le soutien à ces manifestations, actif ou simplement oratoire, présente le risque daccusations dingérence extérieure, et pose la question de ladéquation des intérêts des pays étrangers avec les convictions réelles des populations arabes. Cest donc sur la richesse de ces postures que se proposent de revenir les auteurs de cet ouvrage, dont la leçon est peut-être une invitation à lhumilité face à des événements qui, pour une fois, ne relèvent pas, à lorigine, dacteurs extérieurs. Doctorante-Chercheuse en Relations internationales à lUniversité Paris II (Panthéon-Assas) et rattachée au Centre Thucydide, Manon-Nour TANNOUS travaille sur la Syrie, et les politiques étrangères des grandes puissances au Moyen-Orient. Elle fait également partie des Jeunes chercheurs de lInstitut de Recherche Stratégique de lEcole Militaire (IRSEM). Elle est en outre membre fondateur du Cercle des Chercheurs sur le Moyen-Orient (CCMO).
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