"Dans ce texte poétique sensuel et fervent, Lilith la scandaleuse devient la porte-parole de toutes les femmes libres d´être et d´aimer. Par l´auteur de J´ai tué Schéhérazade. «Je suis Lilith la femme destin. Aucun male n´échappe à mon sort, et aucun male ne voudrait m´échapper, Je suis la vierge Lilith, visage invisible de la libertine, la mère amante et la femme homme. La nuit car je suis le jour, le côté droit car je suis le côté gauche, et le Sud car je suis le Nord. Je suis la femme festin et les convives. On m´a surnommée sorcière ailée de la nuit, déesse de la séduction et du désir, reine des plaisirs solitaires. On m´a délivrée du carcan de procréatrice pour que je sois le destin immortel. Je suis Lilith aux seins blancs. Irrésistible est mon charme car mes cheveux sont noirs et longs, et de miel sont mes yeux…» Lilith, c´est la première femme, compagne d´Adam qui à fui le paradis car elle refusait de se soumettre à l´homme dont elle se considérait l´égale , la menaçante, la tentatrice, que la Bible ne mentionne qu´à contrecœur et la plupart du temps sans la nommer, sur laquelle la tradition hébraïque est plus prolixe mais pas moins accablante. Elle est l´incarnation de la féminité primale, celle que le male redoute car elle est capable de se libérer de son emprise, voire de prendre le pouvoir par la ruse. Elle se trouve donc associée aux sorcières, aux serpents, aux sirènes, aux goules… en un mot aux créatures démoniaques capables d´asservir l´homme. Mais elle est aussi et pour les mêmes raisons une figure de la féminité glorieuse, puissante et libre, revendiquée par les féministes depuis les années 1970. Rien d´étonnant donc à voir l´auteure de J´ai tué Schéhérazade s´emparer de ce personnage biblique dans un texte incandescent, pour évoquer la féminité dans son plein épanouissement, la femme égale de l´homme dans le désir et dans l´accomplissement. Ce long poème en prose sensuel et fervent s´inscrit dans la même tradition que certains quatrains d´Omar Khayyam ou les poèmes d´Abû-Nuwas, avec lesquels il partage un érotisme joyeux indissociable de la vraie liberté d´être et d´aimer. «De la flûte des deux cuisses monte mon chant, Et de ma luxure s´ouvrent les fleuves. Comment pourrait-il ne pas y avoir de déluge, à chaque fois qu´entre mes lèvres verticales brille un sourire ?»Joumana Haddad est née à Beyrouth en 1970. Elle dirige les pages culturelles du quotidien An-Nahar ainsi que le magazine Jasad (Corps) qu´elle à fondé en 2009. Journaliste et traductrice polyglotte, elle à interviewé de grands écrivains comme Umberto Eco, Wole Soyinka, Paul Auster, José Saramago et Mario Vargas Llosa. Poétesse, elle à publié cinq recueils qui l´ont rendue célèbre partout dans le monde arabe, dont certains ont été traduits dans les principales langues européennes et pour lesquels elle à reçu divers prix, notamment le Prix de la fondation Métropolis bleu pour la littérature arabe (Montréal, 2010). J´ai tué Schéhérazade, ""confession d´une femme arabe en colère"" qui à fait grand bruit et à été traduit dans une douzaine de langues, est paru en France aux éditions Sindbad/Actes Sud (2010). Le Retour de Lilith est pau aux éditions de l´Inventaire en 2007. "
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