La crise que traverse l'Algérie ne peut se réduire à l'antagonisme entre deux projets de société, l'un incarné par des démocrates nationalistes et l'autre par des islamistes, par l'opposition d'un modèle occidental ou " moderniste " à un autre, oriental et réactionnaire. En filigrane, transparaît le fantôme de valeurs segmentaires, lesquelles structurent l'imaginaire collectif et les inconscients individuels. En ce sens, l'origine de la crise est d'ordre culturel, car elle ne peut se réduire à des conflits mécaniquement corrélatifs à la structure sociale contemporaine. C'est en interrogeant le passé qu'il faut tenter de dévoiler les dynamiques en œuvre et leur impact sur le présent. C'est dans une histoire contemporaine douloureuse, qui vit le démantèlement des solidarités lignagères et l'atomisation des groupes sociaux, processus commencé lors de la conquête et poursuivi par l'Etat indépendant, dans le différentiel entre ethos et réalité sociale, entre culture et structure de la société, entre valeurs du passé et nouvelles formes d'échange, que se trouve la clef de l'explication de l'anomie et de l'aliénation de la société Algérienne. C'est le passage de la tribu, oubliée un peu vite par des historiographes, pour des raisons liées en partie au passé colonial, à l'Etat qu'il faut décrire pour tenter d'éclairer le présent. Notre postulat est que l'Algérie actuelle est le fruit de confrontations culturelles issues de son histoire contemporaine, c'est-à-dire depuis les débuts de la période coloniale, se déployant dans le temps et qui ont imposé leurs marques, non pas de manière contingente, mais comme contraintes dans la formation des imaginaires politiques.
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