«Exigez que le Coran devienne votre seule et unique constitution». Tel est, depuis quelques années, le mot d´ordre de certains Musulmans d´avant-garde dont le programme est de restaurer dans toute leur intégrité les institutions politiques de l´Islam traditionnel. C´est là, sans conteste, un idéal digne de respect, mais il importe de le juger dans la perspective et selon les normes de la théocratie islamique. C´est à l´ombre des mosquées que les premiers Musulmans discutaient la ´chose publique, comme les Athéniens la discutaient sur l´agora et les Romains sur le forum. L´Islam est en effet une association politique autant que religieuse: le culte en est le lien. Dans la cité dont Muhammad vient de jeter les fondements, Allah remplit tout de son action. Ce n´est pas qu´il faille seulement chercher en sa volonté le principe premier du pouvoir civil et de son caractère moral, bien plus, la main d´Allah intervient ici à tout moment dans le domaine du concret et du particulier. Elle trace d´abord les plans de la cité dans laquelle les Musulmans évolueront et la dote d´une constitution de droit divin, elle va ensuite régir le citoyen autant que le fidèle, assigner à l´individu jusqu´à ses habitudes, le gouverner dans sa vie privée comme dans sa vie publique. L´Islam mêle sans réserve l´État à la religion et considère la loi comme une partie intégrante de celle-ci. Le droit humain ou positif est lui-même un droit révélé et le Coran, qui est le code par excellence, est un ensemble de dispositions législatives, en même temps que de prescriptions religieuses.
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