Les rois d'Alger

Mon père Charles au lieu de Bab-el-Oued serait né à Charleroi, j´aurais pu vous écrire ces Rois d´Alger? C´est vrai, on dit: les peuples heureux n´ont pas d´histoire, les familles heureuses oui, heureusement... Surtout la mienne. Vous vous rendez compte, notre histoire? Moitié Histoire de France, moitié Histoire d´Algérie. Rigolez, rigolez! Les Français de France, c´est connu, ignorent la géographie, mais, ignorance encore plus crasse: leur propre Histoire -! De Gaulle, en 1958, quand il à parlé «des responsabilités dans l´affaire Algérienne », une lettre ouverte je lui ai tapée dans le Canard enchaîné: « L´affaire Bacri est-elle impayable ? »Pour lui rappeler qu´en 1794 les Bacri, qu´on appelait « les Rois d´Alger» tellement ils étaient importants dans le commerce international, ont vendu à Bonaparte sept millions de franc-or de blé qu´on nous doit toujours. Et qu´à cause de ce contentieux ou compte anxieux, le Dey Hussein, paf! le coup d´éventail sur la joue du consul Deval, la rabia de Charles X, ses troupes qui débarquent à Sidi-Ferruch, etc. Où, sans ma famille, vous auriez eu cent trente ans d´Algérie française? Remarquez, responsables du coup d´éventail, bon ! mais après, si la France à fait du vent ... Faut pas exagérer, hein! De Gaulle donc, je rappelais que ces sept millions, sans compter les intérêts courus, franch´ment, combien encore on va nous laisser courir? . Aujourd´hui, l´Algérie de papa est morte, mais Alger, Bab-el-Oued ... Le pataouète, c´est pas une langue vivante, peut-être? Les Bacri ne sont plus les «Rois d´Alger» d´avant, c´est ça les destins. Les hommes illustres, dans leurs vies parallèles, obligé qu´un jour ils rentrent dans l´ombre. Dans l´ombre, quand je pense... le soleil qu´on avait... Ici, la vérité, le plus clair de notre temps, sous un para verse on le passe ... Mais où y sont les éventails d´antan !