Il s´agit bien d´une guerre civile, et celle-ci est politique et sociale plutôt que religieuse. Sous couvert du Djihad, les bandes armées se réclamant de l´islam cherchent à s´accaparer des positions de pouvoir et d´accumulation. Quant à l´armée, elle instrumentalise la violence pour maintenir son hégémonie et conforter sa légitimité, notamment internationale. Les deux camps sont des ennemis complémentaires. Et l´économie politique de la guerre civile s´inscrit dans la continuité de celle du beylicat ottoman, de la conquête et de l´occupation françaises, de la lutte de libération nationale. Les émirs du GIA ne sont-ils pas les héritiers des pirates de la course, des califes de la colonisation ou des « colonels » de la guerre de libération ? Luis Martinez est chargé de recherche au CERI. Depuis 1995 ses interprétations ont profondément transformé notre compréhension du conflit algérien, dont il est l´un des meilleurs spécialistes.
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