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Durant des siècles, la musique s’est située dans la culture iranienne au même niveau que la poésie, la miniature, les arts décoratifs qui, à l’instar de la langue elle-même, rayonnaient du Bosphore à l’Inde et à l’Asie centrale.
Durant des siècles, la musique s’est située dans la culture iranienne au même niveau que la poésie, la miniature, les arts décoratifs qui, à l’instar de la langue elle-même, rayonnaient du Bosphore à l’Inde et à l’Asie centrale. À l’époque moderne qui s’annonce il y a plus de deux siècles, elle semble se reterritorialiser sur son espace ancestral pour y puiser une nouvelle inspiration, avant d’émerger à nouveau sur la scène impériale en présentant des formes à la fois nouvelles et immémoriales. C'est au milieu du XIXe siècle que se cristallise la musique « classique » persane qui a encore cours de nos jours. Mais avec l’accélération de l’histoire, la tradition régénérée a produit une prolifération de formes, de genres et de styles.
Face à cette diversité, le terme même de tradition musicale, ainsi que ses qualificatifs de persane, classique ou lettrée, ne peuvent plus s’appliquer sans précaution. Si tout a l’air de changer, il faut saisir dans quels cadres, à quelle échelle et sous quels facteurs dominants cela se produit, et pour évaluer la portée du phénomène, il faut identifier des invariants aussi bien que des régimes et des vitesses de changement. Pour tenir ce cap, l’auteur prend en compte la diversité et les contrastes du paysage musical de l’Iran dans son ensemble, en privilégiant toutefois la composante ancienne et lettrée, avec un souci constant de pertinence que reflètent la sélection et l’interprétation d’une abondance de données soigneusement documentées.
Jean During est l’auteur d’une douzaine d’ouvrages et d’une quarantaine de CD sur les musiques de l’Asie intérieure, leur forme et leur contexte culturel, en particulier dans leurs rapports avec la société, la pensée et la mystique musulmane. Au cours de longues années en Iran, il a étudié la pratique de la musique persane avec les plus grands maîtres. Parallèlement à ses activités de recherche au CNRS, il a donné de nombreux concerts lui-même et s’est attaché à faire découvrir les meilleurs artistes d’Asie intérieure.