Des deux fleuves de la vie, le premier est de brume. Ses eaux s´alimentent à la source d´oubli, sa traversée, encore aujourd´hui et malgré toutes les avancées scientifiques ou médicales, se déroule dans la nuit d´un ventre de femme. Sur ses temps de resserrement qui préludent à de larges avancées, sur ses cols de sécheresse et d´asphyxie qui préludent aux souffles séparés de l´air libre, aucun œil humain, même prolongé par la technique, n´a réussi à se poser pour en suivre la progression d´une extrémité à l´autre. De celui qui traverse ainsi, sans le savoir, à l´ombre des regards, les paupières ne sont pas encore décloses. Les eaux échappées de la naissance gardent entier le secret de la traversée. Du second fleuve, les eaux sont de lumière et s´alimentent à la source de mémoire. Sa traversée se déroule en plein jour, même embués de larmes ou noyés d´émotion, les yeux des proches, sur les traits de celui qui traverse, boivent les visages successifs du grand passage et peuvent suivre, un à un jusqu´à la tombe, les déclins de la sortie des hauts. à l´instant suprême, de celui qui à passé et est entré dans la terre de lumière, il arrive fréquemment que les paupières se soulèvent sur un regard fixé en lui-même par l´éternité. Les hauts descendus de la seconde naissance cherchent à livrer le secret de la traversée.
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