Les doctrines des grands maîtres

Il est difficile de parler de cette œuvre sans commencer par la situer par rapport à celle d’Ibn ‘Arabî (m.1240) et en particulier de ses Futûhât al-Makkiyya (les illuminations de la Mecque). De nombreux commentaires ou études, jusqu’à ce jour, se sont succédés pour clarifier et expliciter l’enseignement du plus célèbre des métaphysiciens musulmans, al-shaykh al-akbar, Ibn ‘Arabî. Les Gemmes (Al-Yawâqît), le traité traduit ici, représente sûrement le com-mentaire le plus important et le plus exhaustif. ‘Abd al-Wahhâb ash-Sha‘rânî (m. 1565) recourt à l’enseignement de plusieurs autres maîtres pour conforter les positions akbariennes et n’hésite pas à dénoncer les erreurs dans l’inter-prétation de certains penseurs. Ce voyage au cœur des Futûhât al-Makkiyya permet au lecteur averti, de mieux cerner des questions épineuses comme celles des fondements de la théologie, ou encore les rapports de l’Unité et de la multiplicité. Sha‘rânî offre la meilleure synthèse des concepts évoqués dans les Futûhât, ce qui constitue le meilleur moyen d’aborder cet ouvrage magistral et de l’étudier plus en détail. L’introduction y est complète et les commentaires y sont précieux et profonds. Ces enseignements fondamentaux, cette clarification des points de doctrines difficiles s’avèrent essentiels pour parvenir à la compréhension. Trois siècles après Ibn ‘Arabî en une période où le confrérisme connaît déjà un déclin et des dérives, cet écrit s’inscrit dans un mouvement de réforme conduisant à rappeler l’unité du but et des doctrines. Les propos sont fidèles à l’enseignement du shaykh al-akbar et demeurent incontournables pour quiconque désire connaître exhaustivement l’ésotérisme islamique.