Le livre de Kalîla wa Dimna dérive d´un ouvrage de la littérature indienne populaire, les Panchatantra ou cinq livres. Compilation de paraboles écrites en sanscrit, l´ouvrage fut initialement attribué à un Brahmane Vishnuite kashmiri du IVe siècle, puis à un sage indien nommé Bidpai ou Pilpay. Le livre fut traduit en arabe au VIIIe siècle par le savant ´Abd Allâh ibn al-Muqaffa à partir d´une version en pehlevi disparue, réalisée par le physicien Burzoe pour le roi sassanide Khosrow Anûshirwân (531-579). La popularité de cet ouvrage fut immense et donna lieu à de nombreuses traductions. Au début du XIIe siècle, Abû al-Ma´ali Nasr Allâh Munshi rédige une version en persan pour Bahrâm Shâh de Ghazni, on en connait également en grec et une version en hébreu du début du XIIe siècle, dont les illustrations présentent des similitudes importantes avec les modèles arabes et qui servit certainement de base à la version latine de John de Capua (1236-1278), source des versions européennes. Une version en prose du texte de Ibn al-Muqaffa en inspira une versifiée au XIVe siècle, en partie traduite en français en 1644 par Gibert Gaulmin.Rapporté en Europe par des savants ou des ambassadeurs sous forme de manuscrits arabes ou persans, cet ouvrage était présent dans les grandes bibliothèques du XVIIe siècle comme la Bibliothèque royale ou la Colbertine. Jean de la Fontaine s´inspira de ces fables « sues de tous », qui lui fournirent une réserve importante d´histoire qu´il rendit « nouvelles par quelques traits qui en relevassent le gout ». Il ne conserve cependant pas la forme du texte indien, lui préférant celle de la fable ésopique. Les fables de Bidpai ne sont pas la seule source de l´auteur, mais ce dernier s´en réclame dans sa préface, allant même jusqu´à assimiler Pilpay avec Ésope (une de ses sources principales), sous le nom du sage Locman.Le Livre de Kalîla wa Dimna appartient au genre littéraire du miroir des princes, destiné à l´éducation morale et politique de personnages de haut rang. Les contes sont regroupés en chapitres qui forment un tout cohérent grâce à une structure narrative qui fait intervenir le dialogue. Chaque chapitre s´ouvre par une question du souverain indien Dablishim au conseiller, philosophe et légendaire auteur Bilpai, sur les conséquences d´un comportement, ensuite expliqué par une histoire dont les protagonistes sont des animaux et les personnages principaux deux chacals, nommés Kalîla et Dimna. Chaque histoire s´achève par une leçon de morale. Outre le caractère plaisant des histoire, c´est la langue et les dialogues vifs et spirituels qui font le charme et la force de cet ouvrage qui aurait influencé un grand nombre d´œuvres majeures de la littérature orientale comme le masnavi de Rumi, les Mille et une nuits, le shâhnâme de Firdusi ou la Khamseh de Nezâmi.Le texte de Kalîla wa Dimna est l´un des premiers à être illustrés dans le monde arabe. Il semble que la première version de l´ouvrage en pehlevi comportait déjà des illustrations et l´on connaît en Inde et en Asie centrale des peintures pariétales du cycle du Panchatantra. L´une des plus ancienne copie arabe de Kalîla wa Dimna est datée de 1220, réalisée dans les ateliers syriens et conservée à la BNF. Cet ouvrage qui comprend 98 peintures (dont 7 ajoutées plus tardivement) appartient à la p&eacut
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