""" Après cinq ans d´emprisonnement et de tortures, Rajab à craqué. Remis en liberté, il est incapable de reprendre goût à la vie, tout à la fois miné par la maladie, hanté par les épreuves subies et plus encore par le souvenir de sa "" chute "". Destin tristement banal, dira-t-on. Certes. Sur celle trame en apparence bien mince, Abdul Rahman Mounif à pourtant construit, à l´échelle de l´individu comme de la famille, un tableau édifiant de la répression dans un pays arabe. Car, à travers la dérive de son héros, à l´Est de la Méditerranée nous montre, de proche en proche, toute une société encagée. Rajab à craqué. Et dans cette fêlure se dévoile la dissolution du lien social. C´est là tout le sens de ce journal à deux voix qui compose le roman. Deux voix : juxtaposée à la méditation solitaire et amère de Rajab, il y à celle d´Anissa, sa sœur. Dans le miroir qu´elle lui tend, trois défections féminines qui laissent le prisonnier désarmé : celle de la mère, morte d´avoir trop attendu , celle de Houda, la fiancée lasse d´attendre , enfin celle d´Anissa elle-même, mi-mère, mi-amante, et pourtant ni l´une ni l´autre. Là où la mère murmurait de tenir bon, la sœur incite à céder. Et il cède... La boucle est bouclée ? Non, car cette protestation étouffée, renouvelée et encore étouffée, ne s´ouvre pas sur des perspectives de changement. Ecrit dans un style dépouillé, à l´Est de la Méditerranée baigne jusqu´à la fin dans un noir pessimisme, terriblement souligné par la lancinante évocation des tortures.Le Monde Diplomatique"
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