Ad dar

Certes, ce lieu physique existe. Mais étant hors d´une possibilité d´accès géographique, d´une actualité mordante d´injustice, de jeux meurtriers et d´humanité expiée, ce lieu devient aliénation. Si le « moi» alors se perd en multiplicité de cultures, si l´ « en soi » se déforme en diversité d´actions et souvent de déceptions, Ad-dar essaie de reconquérir l´homme qui s´effrite en des « hors de soi» maladifs. Il est la réconciliation de l´homme avec lui-même, avec son paysage, ses amours, ses sensibilités. Il affirme une résidence première et ultime où tout commence : le bleu se mêle à d´autres couleurs, l´encens se confond à d´autres odeurs, la terre se modifie en sensualités d´images, le peuple griffonne des visages d´enfants, et tous maintiennent une méditerranée d´hommes, de paysage, d´amours et de créativité. Le « moi» demande à exister dans une demeure dépositaire de l´histoire authentique et symbolique et réclame à se définir dans cet « arrière pays » qui fait que d´autres pays existent, que d´autres contours se dessinent, que d´autres moments vivent l´universel. C´est le début de l´immortalité dans la mémoire d´abord d´un individu, puis d´un peuple. Ad-dar est l´affirmation de la sensibilité et du rêve irrécupérables.