On savait que Voltaire, Hugo, Gide ou De Gaulle avaient des idées sur les Arabes. Mais Eschyle, Luther, Diderot, Kafka ou Claudel? Ou encore Stendhal qui, en 1822, s´écriait: «J´aimerais mieux être un Arabe du Ve siècle qu´un Français du XIXe siècle. » Au hasard de leurs recherches, Chantal Dagron et Mohamed Kacimi ont récolté, de l´Antiquité à nos jours, dans la littérature occidentale, des centaines de citations très contrastées sur les Arabes, l´Islam, le Coran, Mahomet. Tout y défile, depuis l´admiration béate jusqu´à l´aversion irrémédiable, quand ce ne sont pas ces deux attitudes chez le même écrivain: Flaubert par exemple, fou d´Orient au point de regretter le dévoilement des femmes mais demandant «qu´on détruise La Mecque et souille la tombe de Mahomet, pour démoraliser le fanatisme» ... Le seul sentiment absent est l´indifférence car l´Arabe, pour être à nos yeux l´autre par excellence, n´en est pas moins l´étranger physiquement le plus proche de l´Occident depuis quinze siècles, et aujourd´hui plus que jamais. La leçon tirée de ce petit livre tonique et impertinent, placé sous l´invocation de Montesquieu, est la relativité des jugements, la dérision, l´humour. Chantal Dagron est helléniste. Mohamed Kacimi, écrivain Algérien, est notamment l´auteur du Mouchoir (L´Harmattan, 1988).
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