Le thème est simple. L´histoire est brutale tout en étant, hélas, banale : une dizaine de personnages dont une femme et un bébé sont en quête d´une vie meilleure. Ils tentent, au risque de leur vie - une vie dont personne ne se soucie -, la traversée du détroit de Gibraltar pour mettre les pieds sur le sol de cette Europe dont ils voient, à partir de Tanger, les lumières clignoter, comme si ce vague scintillement était un appel, signe de la dernière chance. Comment écrire cette désespérance ? Mahi Binebine, qui est un grand peintre (le musée Guggenheim de New York vient d´acquérir quelques-unes de ses œuvres), écrit comme il peint, avec sobriété et gravité. Il n´insiste pas, choisit l´ellipse et les mots justes. Comme dans ses toiles, on devine les personnages, ce sont des ombres que le lecteur habille de ses propres émotions. Cannibales n´est pas un roman qui vous fera rêver , au contraire, il vous parlera simplement de la soufFrance sans jamais tomber dans la sensiblerie. Mahi Binebine, né en 1959 à Marrakech, est peintre et écrivain. L´Aube débute l´édition en poche de l´ensemble de son œuvre.
Rédigez votre propre commentaire