"Sous la plume d´Omar Mounir le Maroc du protectorat, et plus particulièrement la ville d´Essaouira, renaît de ses cendres avec son drôle de narrateur...C´est l´activité humaine d´une ville, et à travers elle l´atmosphère d´un pays tout entier qui ressuscite sous nos yeux. Mais la particularité de Deuxième Franncesse réside surtout dans son traitement littéraire. Le lecteur ne saurait rester insensible à la personnalité et l´humour du narrateur qui est aussi le personnage principal de ce roman satirique. ""Moulay Brahim fils de Moulay Brahim"", comme il se présente lui-même, nous parle d´outre-tombe et nous raconte ses mémoires, depuis la scène de son propre enterrement, sans jamais céder à la nostalgie. Cette incursion dans le fantastique, loin de constituer le coeur de l´intrigue, n´est jamais qu´un moyen supplémentaire pour illustrer la fantaisie, le cynisme et l´originalité attachante du personnage qui semble échapper à l´auteur lui-même.Ne se laissant jamais narrer passivement par son créateur, il l´assiste au contraire dans la rédaction et lui dispute la parole, ""revenant"" dans tous les sens du terme. Cet esprit défunt, mais pourtant gonflé de vie, hante le récit pour en faire une parodie de ""livre-entretien"". C´est lui qui ouvre le bal, c´est son nom que portent tous les chapitres, alors comment ne pas lui laisser une dernière fois la parole avant de le refermer? Moi, Moulay Brahim fils de Moulay Brahim, citoyen de quatrième zone quoique titulaire d´un certificat d´études primaires convertible, personnage premier et dernier de ce testament tronqué, j´ai recouvré ma parole.Jusqu´à cette couverture, je n´ai laissé personne babiller à ma place. Je prêche la fin des fictions mensongères. Le glas de la narration tutélaire. Elle n´a que trop duré depuis qu´elle dure. Depuis le roman de Roland, rejeton mongolien des Mille et une nuits. Le Roman de Roland, déguisement du roman de Ghoulam. "