Passant en quelques décennies d´une rhétorique plus qu´archaïque aux formalismes de l´avant-garde, la littérature tunisienne aura accompli un saisissant raccourci. Dans les années trente, rompant avec les modèles hérités du classicisme arabe elle propose en alternance essais sociaux et recueils néo-romantiques : la structure traditionnelle craque. L´indépendance du pays annonce la seconde mutation littéraire, le roman apparaît. Son réalisme apre, voire fantastique ou surréaliste, dénonce les inégalités, la bureaucratie, l´exode paysan vers les villes: il révèle une Tunisie des profondeurs. Surgit enfin une littérature expérimentale refusant tout à la fois les codes du texte arabe ancien et la poétique de l´Occident moderne. Littérature toute d´éclats et d´onirisme incessant remaniement de formes et de langages, quête d´une réalité ressentie comme une double faim de pain et de liberté.
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