Enseignements soufis

En ouvrant ce livre, le lecteur s’assoit auprès d’un des plus grands maîtres spirituels de la tradition musulmane. Il se transporte au sein des milliers d’âmes qui, dans la grande Badgad du 12e siècle, aspiraient à recevoir les enseignements du célèbre ‘Abd el-Qâdir al-Jîlânî : d’abord aux pieds des murs de la ville, puis sur la place publique et, enfin, dans son Ribat.

Là, au cœur de la Voie fondée par Jîlânî – celle qui se répandra dans le monde sous le nom de « Tariqa Qadiria » – les élèves, dont le lecteur fait maintenant partie, entendent les mots de l’élévation vers Dieu. Ils viennent de la bouche d’un homme qui, d’abord spécialiste du droit, a cheminé ici-bas en fixant l’Au-delà, traversant des déserts de solitude pour rencontrer l’Être Suprême : tout abandonner pour tout retrouver.

C’est cet ascétisme sincère nourri d’un riche savoir traditionnel que le maître propose à tous ceux qui désirent s’élever. Il n’est qu’un vecteur de lumière, lumière dont le Coran resplendit et dont le Prophète fut le porteur. Un vecteur habile dans sa capacité à transmettre, à éveiller les consciences, à questionner les esprits, à déblayer les pistes. Jîlânî est un éclaireur. Il choisit le cœur comme boussole et trace, ainsi, la voie du soufisme. C’est une voie brillante de mille reflets : à chacun d’y trouver le sien. Le maître n’impose pas, il propose. Chaque leçon vibrera selon les secrets de l’âme et guidera l’élève vers son propre but. En somme, ouvrir cet ouvrage c’est rejoindre l’école – intemporelle et universelle – du chemin vers le Seigneur des mondes .

Né en 1077 à Jîlân (Iran actuel), ‘Abd al-Qâdir arrive à Bagdad, pour étudier, vers 1095. C’est auprès d’autres maîtres qu’il forge son esprit, en quelques années. On perd sa trace pendant quelques temps jusqu’à le voir réapparaître en 1127 à Bagdad. Surnommé le « faucon gris de Dieu », des milliers de fidèles se pressent pour écouter ses sermons. ‘Abd al-Qâdir passe le reste de sa longue vie à enseigner dans sa propre école, où il prône à la fois le respect de la loi divine et la lutte intérieure contre les passions de l’âme. Il meurt en 1166. Si l’arbre se juge à ses fruits, ‘Abd al-Qâdir al-Jîlânî est un arbre d’une valeur inestimable puisqu’il a inspiré la plus ancienne des confréries soufies, la qâdiriyya. Elle demeure, aujourd’hui encore, la plus importante du monde musulman.