« L´Égypte elle-même était devenue une métaphore, tout comme la perte du pays était une métaphore, tout comme la reconquête du pays, ou l´oubli du pays, tout comme la volonté d´écrire à propos de l´Égypte. J´avais inventé une autre Égypte, en miroir, une Égypte faite pour les spéculations de (esprit, au-delà du temps, parce que, malgré tous les signes indiquant qu´elle avait été perdue, rien ne prouvait qu´elle ait jamais existé, une Égypte congelée, dissimulée, secrète, choyée, une Égypte en marge, une Égypte à fessai, une Égypte qui rejoignait dans mon « trésor » tous les lieux où j´avais été chez moi, une Égypte du passé qui faisait sans cesse irruption dans le présent pour me rappeler, parmi tant d´autres choses, que si j´aimais faire revivre le passé plus que le passé que je faisais revivre, et que si ce n´était pas vraiment l´Égypte que j´aimais mais le souvenir de l´Égypte, c´était parce que mes ennuis n´étaient plus liés à l´Égypte mais à la vie même. »André Aciman quitte Alexandrie, sa ville natale, en 1965 quand Nasser expulse les derniers juifs d´Égypte. Son exil - en Italie, en France et à New York - est devenu le motif central de son œuvre. Spécialiste de Proust, grand érudit, il vit actuellement à New York et y enseigne la littérature comparée à l´université.
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