"Imaginez la tête du gardien de prison entrain de lire la lettre brûlante de passion que l´épouse d´un des prisonniers politiques venait de lui remettre: ""Amant de mon ame, gémeau de ma psyché, mon poète et noble mari Mohamed Ibn al Arbi al-Assafi. Mon amour, je sens lïnsistante urgence de t´exprimer dans les colonnes de cette lettre mon désir houleux et ma tendresse irrésistible de te revoir, même si ce n´est qu´à travers les barreaux de la prison. "" (Touria Sekkat "" Lettres de prison"" ""Rasai\ ss-Sijri´, Dar an-Nachr al-Maghribia. Casa. 1988) De telles lettres, écrites pendant les années de plomb, ont dû déstabiliser les gardiens et les tortionnaires des prisons. Ce livre nous introduit dans l´univers souterrain de l´indicible, celui des épouses, mères et soeurs des prisonniers politiques, comme il à le mérite de capter des fragments de souvenirs vacillants des foules féminines tourbillonnant autour des portes angoissantes des prisons. Ce sont ces femmes, dites illettrées, qui ont creusé, à force de harceler policiers et tortionnaires, les sillons de la démocratie au Maroc comme dans le reste des. pays arabes. Elles ont été les actrices d´une profonde mutation sociale tant au niveau de la famille qu´au niveau de la société en général. Leur rôle est resté cependant occulté. Un hommage est rendu ici à ces batisseuses du Maroc démocratique, à leur courage et à leur opiniatreté car elles symbolisent admirablement l´ émergence de nouvelles formes de participation de la femme à l´action citoyenne. Fatema Mernissi"
Rédigez votre propre commentaire