«Sceau des saints», «Sultan des gnostiques», Ibn 'Arabest pour le soufisme depuis huit siècles une référence doctrinale majeure et la source d'un influx spirituel qui n'est pas à ce jour épuisé. Ce métaphysicien visionnaire qu'on à surnommé Al-Shaykh al-Akbar, «le plus grand des Maîtres», n'est pas, cependant, un homme sans racine, sans histoire, sans patrie : son œuvre n'est pas séparable de sa vie - des étapes de son expérience intérieure mais aussi de la longue errance qui, d'ouest en est, lui fit traverser un monde musulman menacé, en Occident par La Reconquista, en Orient par les croisades. Ses compagnons ne sont pas des comparses, ni ses contemporains de simples figurants. Les lieux où il séjourna, les événements qu'il vécut sont beaucoup plus que les détails anecdotiques du décor de sa quête. Or le lecteur qui souhaitait avoir accès à une biographie d'Ibn 'Arabn'avait le choix jusqu'ici qu'entre des travaux occidentaux lacunaires et souvent inexacts et les notices assez fantaisistes de chroniqueurs arabes trop accueillantes aux mirabilia apocryphes ou aux pieuses calomnies selon leurs partis pris. Appuyé à la fois sur une minutieuse analyse des écrits du Shaykh al-Akbar lui-même et sur le dépouillement d'une vaste documentation arabe ou persane, le livre de Claude Addas est la première tentative de reconstitution méthodique d'un double itinéraire : celui qui conduit Ibn 'Arabde son Andalousie natale à Damas, où il finira sa vie ; et celui du «Voyage Nocturne» qui, par les chemins de l'ascèse et de la prière, le mène au point ultime où se révèle l'Un sans second.
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