La pensée politique de l´islam est habituellement abordée à partir des doctrines religieuses qui y sont nées ou des institutions ayant déterminé, de façon décisive, ses spécificités dans ce domaine. Ce livre renonce délibérément à cette perspective pour se consacrer à la pensée du pouvoir et du gouvernement qu´il étudie à travers trois traditions majeures : les textes des Miroirs des princes, ceux des juristes-théologiens, et ceux des philosophes. Un dernier chapitre consacré à Ibn Khaldûn permet de faire la synthèse de ces traditions et de montrer le seuil atteint par la pensée politique de l´islam à l´age classique (VIIe-XVe siècle). Ce travail montre comment, à partir du VIIIe siècle, se met en place une approche positive du politique qui permet de déceler les signes d´une pensée séculière présente même dans la tradition juridico-théologique qui se réclamait de la loi religieuse. Loin des considérations essentialistes ou apologétiques portant sur le politique en islam, ce livre invite à suivre les différentes élaborations théoriques en soulignant leur universalité, et en les comparant aux traditions occidentales, sans perdre de vue la perspective de les ancrer dans leurs contextes historiques. Par ailleurs, l´examen du lien entre le politique et le religieux qui est le fil conducteur de ce livre met en évidence les multiples facettes que recouvre le concept de « théologie politique », dont certains aspects continuent jusqu´à nos jours de conditionner les penseurs et les acteurs du politique dans le monde musulman. Biographie de l´auteurAncien élève de l École Normale Supérieure de Fontenay Saint-Cloud, agrégé d arabe, Makram Abbès est actuellement Maître de Conférences à l ENS-LSH où il est responsable de la préparation à l agrégation d arabe. Ses recherches portent sur la philosophie morale et politique de l´Islam classique, et notamment sur les thèmes de la guerre et du gouvernement. Il fait partie du pôle « philosophie politique » du laboratoire Triangle. Action, discours, pensée politique et économique (UMR 5206).
Rédigez votre propre commentaire