Dans le contexte du parlementarisme autoritaire qui domine la vie politique du Koweit depuis son indépendance en 1962, les militants islamistes ont progressivement intériorisé une culture de participation institutionnelle, en quittant leur statut initial de supplétifs du pouvoir face aux mouvements nationalistes et libéraux pour se constituer en forces politiques autonomes au sein du Parlement. Ces acteurs ont ainsi développé un attachement positif aux formes constitutionnelles et libérales représentées par l'institution législative et joué un rôle original dans les rapports complexes du Parlement koweitien à la famille royale. Partant d'un objet mal connu et peu étudié, les différents courants structurant l'islamisme koweitien depuis les années 1950, cet ouvrage se propose de montrer comment les islamistes koweitiens, à mesure qu'ils se nationalisent, produisent à leur tour des dynamiques intellectuelles et religieuses qui n'auraient pu intervenir sans l'existence de logiques de situation, liées à la structure du régime, à la nature rentière de l'Etat et à un système de sécurité régionale dominé par l'armée américaine. L'auteur analyse notamment la capacité de ce petit émirat à s'approprier des idéologies produites en Egypte (Frères musulmans) et en Arabie Saoudite (salafisme) et à leur faire connaître de profondes évolutions.
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