Choisir le Limousin comme laboratoire d´observation de la colonisation française du XIXe siècle était un pari audacieux. Il est remarquablement relevé par Reine-Claude Grondin : l´étude d´une région enclavée, éloignée des grands ports impériaux et faiblement connectée l´outre-mer - mais néanmoins ouverte aux horizons lointains de l´Empire - permet de revisiter en profondeur les perspectives des historiens sur la diffusion et la réception de l´idée coloniale en France. La nouveauté de l´enquête tient autant au choix des sources qu´à l´échelle choisie. De fait, dans cette province rurale, l´ombre portée de la colonisation n´est pas perçue de la même façon qu´à Paris, Marseille, Lyon ou Bordeaux. Les échanges avec les colonies s´y organisent selon des logiques propres. Des acteurs et des réseaux coloniaux spécifiques y naissent et s´y activent au gré des nécessités locales. Enfin, il ne s´y construit pas le même type de discours et de mémoire. Et de fait, entre 1830 et 1939, l´affirmation de l´identité du Limousin est paradoxalement passée par l´exaltation de l´Empire et par la mise en avant d´une vocation coloniale spécifiquement limousine.
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