Dans tous les domaines, sous tous ses aspects, le Haut Moyen Age - de la fondation de Constantinople au IVe siècle jusqu'au grand mouvement des Croisades, à partir du XIe siècle - est une période orientale de l'histoire. Ceci est surtout vrai des trois siècles qui marquent l'apogée du monde musulman (milieu du VIIIe-milieu du XIe). C'est dans l'Orient musulman que se trouvent alors les centres moteurs de la vie économique et culturelle ; l'Occident n'offre que les espaces vides et réceptifs d'une aire d'où l'activité commerciale et intellectuelle s'est retirée, depuis la décadence de Rome et les invasions barbares. Saisir l'économie du monde musulman à son apogée exige également un regard en arrière, vers l'époque de la conquête (milieu du VIIe-milieu du VIIIe siècle), où il prend ses visages essentiels. Maurice Lombard restitue ici cet islam à sa vérité de continuateur de l'Ancien Orient, dont il souda les aires disparates, l'unifiant et le rajeunissant à la fois. Car l'Etat islamique, ce n'était rien moins que l'Egypte, la Syrie-Palestine, la Mésopotamie, la Perse, la Transoxiane, terres de vieille et haute civilisation, marquées par l'hellénisme, ralliées à de grandes religions. La civilisation musulmane dans sa première grandeur fut un creuset chronologique et géographique sans précédent, une immense conjoncture, un fabuleux rendez-vous.
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