En 1955, la Fondation Cini invita à Venise une dizaine d´intellectuels de premier plan, arabes, turcs et iraniens, pour débattre avec de grands islamologues italiens, dont Giorgio Levi della Vida, Alessandro Bausani et Francesco Gabrieli, des relations entre l´Islam et la civilisation occidentale.Les rencontres étaient conçues sous la forme d´un procès, l´Islam ayant le rôle du ministère public, et l´Occident celui de la défense. Un compte-rendu de ces rencontres à été publié, où l´on s´aperçoit d´emblée que l´accusation ne portait pas sur les valeurs de la civilisation occidentale, mais sur la colonisation occidentale, coupable de les avoir trahies. Plus de cinquante ans après, Franco Rizzi imagine dans cet ouvrage une conversation entre des personnages de religion ou de culture musulmane, centrée sur l´image de l´Islam en Occident, sur les malentendus qui se sont accumulés de part et d´autre à travers les siècles, sur les responsabilités tant des Musulmans que des Occidentaux dans l´exacerbation de la tension actuelle.Or si l´on constate, au cours de la conversation, que les termes du débat et les arguments de fond échangés n´ont presque pas changé depuis 1955, on ne peut que mesurer à quel point la situation s´est détériorée, jusque dans la vie quotidienne, sous l´effet des événements récents : le 11 Septembre et le terrorisme islamiste, les différentes guerres en cours, le blocage du processus de paix israélo-arabe, mais aussi l´immigration de masse et les crispations communautaires.Toutes choses qui renvoient directement ou indirectement au passé colonial dont on refuse d´assumer la violence et de soigner les blessures.
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