La boîte noire de l'islam

Connu pour ses prises de position, pour sa manière dAborder certains thèmes considérés comme tabou dans la société, et pour son traitement sans fard de la question du sacré, Amin Zaoui publie aux éditions Tafat, l’essai «La boîte noire de l’Islam», un recueil qui réunit ses chroniques parus depuis une année environ dans la presse.Ecrivain prolifique ayant produit une œuvre dense aussi bien en arabe qu’en français, Amin Zaoui s’illustre depuis quelques années dans l’exercice de la chronique. Il publie, une fois par semaine au quotidien «Liberté», des textes qui abordent, avec courage et esprit, les thèmes qui lui sont chers à savoir la Femme, le sacré et la diversité –des thèmes qu’on retrouve également dans ses romans. Après «Un incendie au paradis !», recueil parus en 2016 aux éditions Tafat, qui reprenait ses chroniques écrites entre 2014 et 2016, et par lequel il rappelait que le paradis se trouvait dans les livres dans ce qu’ils permettent de comprendre le monde et la différence, Amin Zaoui revient, chez ce même éditeur, avec le recueil «La boîte noire de l’Islam», dans lequel les textes semblent davantage axés sur le sacré, sur la religiosité et sur une pensée dominante et erronée de l’Islam et de son interprétation, qui, selon lAuteur de «L’Enfant de l’œuf», le viderait de son universalité et de sa grande humanité. Par ce recueil, cohérent dans son ensemble, Amin Zaoui écrit, explique-t-il dans un préambule, «le non-dit». Selon lui, le but de cet ouvrage est de «décortiquer ce ‘non-dit’ qui viole le rêve et handicape l’épanouissement de la société Algérienne et musulmane en général, est la raison d’être de ce livre». Et dAjouter : «‘La boîte noire de l’Islam est un concentré intellectuel en faveur des valeurs de la citoyenneté. La patrie est plus vaste que la religion». S’inspirant bien souvent de lActualité déprimante de notre monde en soufFrance, Amin Zaoui s’exprime et affirme son point de vue sur des thèmes (politiques, culturels, sociétaux) d’une brûlante actualité : islamisme, fatwas, terrorisme, condition de la femme, rapports au passé et aux origines... On pourrait presque y voir une certaine forme de provocation, mais comme il le rappelait lui-même, il y à quelques jours, au cours d’une rencontre à la fondation Asselah à Alger : «Je provoque mais ce n’est pas de la provocation gratuite». Faisant preuve de pédagogie, il explique les phénomènes, les événements, puis il arbore une démarche d’historien pour créer un parallèle, un pont entre passé et présent afin de permettre au lecteur dAvoir une vision globale et assez large du sujet/ du thème abordé pour qu’il puisse se faire sa propre idée. C’est le fruit d’un travail important de recherche et documentation. Comme dans tous ses textes, Amin Zaoui rend hommages aux penseurs de l’islam qui ont véhiculé et transmis une image juste et vraie et qui nous ont appris comment être meilleur et la manière dont le doute faisait partie de la foi ; mais aussi aux Soufis (mystiques) qui n’ont vu en cette religion que lAmour (amour de Dieu et de toute l’humanité), ainsi quAux écrivains, aux hommes de culture, aux passeurs de savoir, notamment Algériens. N’oubliant jamais ses origines –il livre une belle chronique sur son père– et accordant une place de marque à la culture populaire et à l’oralité, Amin Zaoui célèbre, dans ses textes, le beau, le rêve et l’imaginaire, même lorsque les thèmes abordés sont difficiles, douloureux ou polémiques. Car, comme il le dit souvent, il écrit «pour se libérer et libérer le lecteur».Sara Kharfi