Sous ses apparences dœuvre mineure, la Femme dun autre et le mari sous le lit est pour le lecteur une pièce importante parce quelle met en lumière lhumour très particulier de Dostoïevski, épars dans toute son œuvre, et toujours prêt à affleurer même sous les dehors les plus tragiques. Il sagit dune pochade et même, de deux pochades. Dostoïevski avait écrit à lorigine deux nouvelles distinctes, intitulées, lune, la Femme dun autre (sous-titrée : Une scène de rue) et, lautre, le Mari jaloux (Une aventure extraordinaire). Ces deux nouvelles, publiées en janvier et novembre 1848, appartenaient au premier grand projet de Dostoïevski, à ses Carnets dun inconnu. Elles furent refondues en un seul texte pour le premier tome des uvres publiées en 1860, après le bagne et la relégation. Ce texte reste lié au style des feuilletons publiés dans les journaux des années 1840, et, surtout, à celui du vaudeville, au point quon à pu croire quil était écrit directement pour le théâtre. Des témoignages de contemporains attestent quil fut apprécié. Lessayiste radical Tchernychevski, quant à lui, écrivait, férocement, dans son journal : "Lu le Mari jaloux... Cela ma un peu ragaillardi au sujet de Dostoïevski et de ses semblables ; cest quand même un progrès par rapport à ce quil faisait avant, et, quand ces gens-là ne prennent pas de sujets trop hauts pour eux, ils peuvent être bons et même charmants." Dostoïevski était, en 1848, lauteur du Double et de la Logeuse. Un malaise peut naître à la lecture des pages qui vont suivre, malaise dautant plus inquiétant quil est voulu. Ce ridicule interminable, grotesque, sans pitié, est bel et bien celui de Polzounkov. Cest déjà un écho de lEternel Mari.
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