Popularisée par Huntington dans les années 1990, le concept de " choc des civilisations " est devenu un lieu commun obligé dès qu'il s'agit de parler de géopolitique internationale et de sociologie des religions. Raphaël Liogier montre qu'il s'agit d'un leurre vide de sens. Bien au contraire, nous assistons, depuis plusieurs siècles, au déploiement d'une civilisation globale. Nous avons une langue commune, un calendrier planétaire commun. Nous mangeons des pizzas à Pékin, des nems à Paris, des hamburgers à Téhéran. Films et musiques font le tour de la planète. Le langage scientifique et technologique, comme les cursus universitaires, sont unifiés, et nous échangeons nos étudiants. Contrairement aux apparences, le religieux lui-même apparaît de moins en moins comme un facteur d'oppositions de valeurs, même s'il peut être l'objet volatile de revendications extrêmes. Les trois polarités religieuses majeures du monde contemporain que sont le spiritualisme, le charismatisme et le fondamentalisme traversent de la même façon toutes les confessions. Nous n'avons plus qu'une seule civilisation humaine, et, paradoxalement, l'idée obsessive d'un affrontement entre civilisations est précisément un effet pervers de la globalisation, et se trouve propagée avec la même conviction par le populiste européen et l'islamiste anti-occidental, dont le rejet mutuel fait système. Sous les atours d'un soi-disant pragmatisme géopolitique se dissimulent ainsi les idéologies racialistes et racistes d'autrefois. Un essai qui bat en brèche les idées reçues sur le monde qui nous entoure et la géopolitique mondiale.
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