fille du désert et du manque, sans cesse alertée par la solitude et l´absence, telle est la poésie arabe, cultivée quinze siècles durant par une succession de génies remuants, iconoclastes, gourmands des mille et une saveurs du verbe - et des mille et une images (licites ou illicites) qu´éveille dans le coeur de l´homme l´aiguillon du désir.fontaines destinées à réjouir les coeurs altérés, jardins parfumés, filles offertes, tendres éphèbes aux yeux de gazelle, nuits éclairées de lune où circule la coupe de vin ambré : le poète nous murmure que cela est tout... et rien - puisque la seule richesse vraiment désirable, pour l´homme bien né, est celle des mots.l´innocent lecteur n´est pas au bout de ses surprises audaces verbales quasi rimbaldiennes, érotisme dévoilé sans honte, impertinences et inconvenances de tout bord - l´écriture revendique ici une modernité contre laquelle le temps., dirait-on, n´a pas de prise.cette riche anthologie désormais classique - la seule en langue française à embrasser aussi largement son sujet - donne de la civilisation arabe, on l´aura compris, une image qui prend à contre-pied les sinistres clichés véhiculés par notre époque. où la poésie apparaît comme l´insurrection première de la soif et du désir.
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