La querelle des images

"La Querelle des Images, dont la composition originale pourrait faire penser à un recueil de nouvelles, est pourtant un roman. Un roman construit, non de façon diachronique comme le veut la coutume, mais à la manière dont les peintres, par touches de couleurs successives et autonomes, réussissent à créer un ensemble syncrétique et cohérent. Aussi se place-t-il délibérément, comme son titre l´indique, à mi-chemin entre l´art de l´écriture, analytique et intellectuel, et l´art iconographique, synthétique et sensuel. Une descente au hammam qui évoque les tonalités des limbes, une séance au msid qui dévoile en filigrane le cœur d´une culture ... autant d´Images dont la querelle donne naissance à une véritable histoire. La prose enchanteresse d´Abdelfattah Kilito transforme les souvenirs d´une existence marocaine en réminiscence universelle qui envahit le lecteur d´une impression de déjà vécu. Mais il suffit d´écouter parler le magicien lui-même pour découvrir que cette sensation est simplement le produit d´une excellente maîtrise de la langue, d´une grande sagesse ... et d´un humble génie : ""Quand je lis un récit, il m´arrive de me dire, devant tel passage: ""j´ai déjà vécu cette scène, éprouvé cette émotion! ""j´ai alors l´impression que ce que je lis à été écrit spécialement pour moi. Il m´arrive même de me dire, en toute naïveté: ""j´aurais pu écrire cet épisode, ce livre "". À la limite, j´en veux presque à l´auteur de m´avoir dérobé un fragment de moi-même, de m´en avoir dépouillé! Il me serait agréable que mon lecteur se retrouve dans cette prose narrative, qu´il aborde ces histoires avec le sentiment qu´il aurait pu les écrire, qu´ ´il les lise comme si lui-même les avait écrites "". Abdelfattah Kilito est professeur à la faculté des Lettres de Rabat. Amoureux de la littérature française comme de l´arabe, il écrit indifféremment, mais non sans passion, dans -les deux langues et à déjà publié, entre autres et en français, l´œil et l´aiguille (992), l´Auteur et ses doubles (1985) et Les Séances (1983)."