"Ouverte dès le XIXe siècle, la question de Palestine à pris un caractère particulièrement aigu après la Seconde Guerre mondiale. En dépit des apparences et des idées reçues, ce n´est pas la Shoah qui à accéléré le dessein des Juifs de fonder un "" foyer national "", mais plutôt le déclin de la puissance européenne, en particulier de la Grande-Bretagne au Moyen-Orient. Durant le conflit et juste après, ce sont en effet le Liban, la Syrie, l´Irak, la Jordanie qui se trouvent débarrassés des mandats confiés en 1919 par la SDN à la France et à l´Angleterre, et quelques années plus tard, l´Égypte elle-même acquiert son indépendance. Pour les sionistes, le moment est venu. La création d´Israël est décidée à l´arraché à l´ONU. Mais les pays arabes, estimant que ce nouvel État, créé à leurs dépens, n´a été voulu par les Européens que pour se racheter de la destruction des Juifs d´Europe, ne s´inclineront jamais devant le partage de la Palestine. Incursions des uns dans le territoire des autres, sabotages, luttes pour la terre et pour l´eau douce, rancœurs et haines, jeu des grandes puissances et des puissances déclinantes empêcheront jusqu´à nos jours qu´une issue soit trouvée. Quant aux soufFrances des Palestiniens, elles seront bien longues à être prises en compte. à lire la minutieuse chronique dressée dans ce nouveau volume (1947-1967) par Henry Laurens, on se convainc que la culture du conflit est devenue comme une seconde nature de ces contrées : indépendant depuis quelques jours, Israël doit faire face à un conflit ouvert, en 1956, alors que le problème à résoudre pour les Européens est de répondre à Nasser après la nationalisation du canal de Suez, Israël fait partie d´une improbable coalition anglofrançaise , en 1967, comme aucune frontière ne semble intangible et comme Américains et Soviétiques se révèlent incapables - ou peu désireux - de calmer le jeu en lieu et place des Européens, Israël s´estime contraint d´attaquer de nouveau ses voisins. à chaque guerre Israël se renforce, à chaque fois, l´humiliation vient nourrir la haine. L´histoire n´a pas pour rôle de renvoyer les protagonistes de ce sempiternel conflit dos à dos - et pourtant une bonne part des torts sont partagés -, mais elle peut apporter une irremplaçable contribution en montrant comment on en est arrivé là. Des décideurs de bonne volonté pourraient toujours en faire leur miel... Agrégé d´histoire, arabisant, professeur à l´INALCO (Langues-0) et au Collège de France, Henry Laurens est spécialiste du Moyen-Orient depuis le XVIIIe siècle, sujet sur lequel il à publié de nombreux ouvrages. La Question de Palestine est une entreprise exceptionnelle dont il n´existe d´équivalent dans aucune langue."
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