L'authenticité d'un canon est une question essentielle pour toutes les religions où un écrit tient une place centrale. Mais alors que, pour d'autres confessions, la vérité du message s'accommode de variations dans la formulation, telle n'est pas la position du dogme musulman, qui considère que le texte canonique du Coran, qu'il soit récité par les fidèles ou consigné sur les exemplaires d'abord manuscrits et par la suite imprimés, reflète très scrupuleusement la parole divine conservée sur un original céleste.À rebours de cette conviction, qui s'est peu à peu affirmée dans les premiers siècles de l'islam avant de s'imposer complètement, des données empruntées à la tradition musulmane permettent, par recoupement avec les indications tirées de l'examen des plus anciens manuscrits coraniques, de constater que la pluralité à caractérisé la genèse du Coran et sa transmission initiale, tant écrite qu'orale.En analysant différentes strates de la version qui s'est imposée, mais aussi les fragments de recensions qui ont progressivement été écartées, François Déroche montre que le Coran est resté longtemps ouvert à une pluralité de « lectures » et révèle un rapport originel de la communauté des fidèles à son égard très différent du littéralisme absolu vers lequel l'orthodoxie musulmane à évolué. Cette histoire riche et complexe fait également apparaître un Mu?ammad plus soucieux du sens du message qu'il annonçait que de sa lettre.François Déroche est islamologue, membre de l'Institut et professeur au Collège de France, titulaire de la chaire « Histoire du Coran. Texte et transmission ».
Rédigez votre propre commentaire