Aujourd´hui, en Algérie, on gagne mieux sa vie en consacrant l´essentiel de sa journée à faire la queue devant les magasins d´État puis à traficoter au marché noir les acquisitions du jour, qu´en travaillant à l´usine ou derrière un bureau. Car le système centralisé et monopoliste mis en place au lendemain de l´Indépendance à progressivement conduit à soumettre l´économie officielle à l´économie parallèle, la production à la spéculation, l´existence de chacun au dérèglement social.En 1987 pourtant, au plus fort de la crise économique et morale, le pays avait réagi et s´était engagé sur la voie de la libéralisation. Même les événements tragiques d´octobre 1988 avaient eu pour effet d´accélérer la transition vers une société productive et démocratique : les jeunes manifestants ne réclamaient-ils pas plus de liberté ? Mais les réformes audacieuses suscitèrent des réactions violentes, qui générèrent à leur tour de terribles déséquilibres sociaux et culturels ouvrant la voie aux troubles graves que connaît le pays.Ce drame, comme l´histoire générale de l´Algérie depuis 1962, sont expliqués ici à la lumière de l´économie politique. Par elle, s´éclairent les comportements et les motivations des acteurs, les choix stratégiques des uns et des autres, les avancées et les reculs de la transition, les voies que devront emprunter demain tous ceux qui veulent conjurer, sous le contrôle d´une population trop longtemps ignorée, la tentation permanente du retour au monopole et au système rentier, le mal Algérien.
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