Loin des interprétations simplistes sur les soulèvements qui ont ébranlé le monde arabe depuis décembre 2010 (interprétations politistes, générationnelles, confessionnelles ou vulgairement policières), Gilbert Achcar insiste ici sur les modalités particulières du développement du capitalisme dans cette région du monde. Modalités dont les conséquences sociales dramatiques (pauvreté, inégalité, précarité) se sont aggravées davantage durant les trois ou quatre dernières décennies sous l'effet du despotisme politique ambiant, à la fois corrompu et corrupteur. Caractérisant ces soulèvements comme le point de départ d'un processus révolutionnaire, et non comme un aboutissement (un "printemps arabe", selon l'appellation séduisante mais trompeuse), l'auteur livre une analyse concrète des forces sociales en présence et dresse un bilan d'étape de leurs luttes, pays par pays, de la Tunisie à la Syrie en passant par l'Égypte, le Yémen, le Bahreïn et la Libye. Il éclaire ce faisant le rôle ambigu des mouvements se réclamant de l'islam, notamment les Frères musulmans, et de leurs soutiens à l'échelle régionale (l'Arabie saoudite et le Qatar, fidèles alliés des États-Unis).
Rédigez votre propre commentaire