Ce livre est un recueil de fables aussi savoureuses qu'originales. Brahim Zellal les à recueillies il y à plus d'un demi-siècle dans les villages de Kabylie. Le résultat de son travail mérite notre reconnaissance. à travers les mésaventures de Chacal, ce personnage auteur de toutes les turpitudes, tantôt amusant tantôt franchement odieux, nous sommes transportés dans l'univers merveilleux des campagnes du temps jadis. Là, la vie se déroule au rythme des travaux des champs, parsemée de querelles et de réconciliations, de joies et de peines, où cependant le plus faible n'est pas toujours le plus sot, pas plus que celui qui possède la puissance et le prestige n'est le vainqueur. Car le mérite de ces fables est de nous renvoyer, simplifiée à l'extrême et sous forme à la fois poétique et comique, l'image d'une société écartelée entre le bien et le mal, la bonté et la ruse, l'égoïsme et la générosité, la sottise et la finesse, le besoin et la pénurie. Une société qui ne craint pas, par le biais de l'imaginaire animalier, de rire d'elle-même, tourner en dérision ce que les règles de bienséance imposées par les dominants présentent comme des dogmes sacrés. D'où la complicité instinctive du lecteur avec des personnages souvent animés de sentiments équivoques, mais dont on comprend combien leur duplicité est liée à leur statut social. Le lecteur berbérophone sera sans doute comblé de retrouver dans la transcription de l'auteur toute la saveur d'origine de ces fables, ce qui est aussi, au plan linguistique, une contribution à la préservation d'un patrimoine précieux.
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