Avant la vaste fresque des Chevaux du Soleil de Jules Roy, un écrivain pied-noir avait fait de la conquête de l´Algérie le sujet d´un roman historique. Il s´agit du Roman de la conquête de Louis Bertrand, paru entre décembre 1929 et janvier 1930, en quatre livraisons, dans la Revue des Deux Mondes. Auteur, entre autres livres, du Sang des races, Louis Bertrand est aujourd´hui bien oublié. Cet écrivain d´origine lorraine, né en 1866, mort en 1941, à pourtant été membre de l´Académie française, ce qui laisse planer un pénible soupçon sur l´immortalité académique et la pérennité des œuvres des « habits verts ». Comme beaucoup d´enfants de sa génération, Louis Bertrand à été durablement marqué par la défaite et la perte de l´Alsace et de la Lorraine. En Algérie, il trouva une consolation à la perte de sa petite patrie et l´occasion de célébrer, avec une ferveur lyrique, le culte solaire de la civilisation latine et des grands hommes. Louis Bertrand n´était pas exempt de préjugés, qu´ils lui fussent propres ou propres à son époque. Au détour de quelques pages, le lecteur pourra se froisser de l´affirmation d´une supériorité des Français de souche sur les Juifs et les Arabes, dont nous lui laissons la responsabilité. Ces « verrues» n´empêchent point le Roman de la conquête, fourmillant de portraits bien troussés et riche d´intrigues bien ourdies, de se lire avec profit et plaisir.
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