"L´exception tunisienne ne résiderait-elle pas dans une ambivalence permanente, une tunisianité politique cultivée par les gouvernants comme par les gouvernés, par les dominants comme par les dominés ? Celle-ci doit être traitée d´abord comme un projet politique, inauguré par les réformateurs du XIXème siècle, repris par le mouvement de libération nationale, conforté par le régime bourguibien au lendemain de l´indépendance et poursuivi aujourd´hui par son successeur. Privilégiant une approche à la fois historique et sociologique sur le temps long (1956 - 2002), cet ouvrage analyse en profondeur les ressorts des autoritarismes tunisiens, considérés ici non comme une ""culture"" mais comme une dynamique paradoxale affectant l´ensemble des relations sociales et limitant de ce fait les probabilités d´alternance. à ce titre, Ben Ali serait moins le fossoyeur des héritages réformiste et bourguibien que le continuateur version sécuritaire, jouant des mêmes registres de l´ambivalence de la tunisianité. Au-delà de la Tunisie, cet ouvrage réinterroge la pertinence des thèses sur les autoritarismes, dont la longévité exceptionnelle dans le monde arabe interdit de les envisager simplement comme des phases transitoires, des catégories résiduelles entre l´immaturité démocratique et la dégénérescence totalitaire : ils apparaissent aujourd´hui comme des systèmes politiques ""stabilisés"" qui méritent toute l´attention des spécialistes et des profanes."
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