Tustarî et Tirmidhî sont deux des plus illustres représentants de la mystique « savante » du IIIe siècle de l'Hégire. Iraniens de langue maternelle et de culture, ils ont hautement revendiqué leur appartenance au sunnisme et élaboré chacun un système de sainteté fondé sur des notions provenant de la pensée grecque et du néoplatonisme. Toutefois leurs constructions théoriques respectives présentent des différences importantes, liées avant tout à leurs expériences spirituelles. Mais loin de s'opposer, leurs pensées s'avèrent complémentaires, surtout pour ce qui concerne leurs lectures du Coran, à la lumière de leur commune affirmation de la primauté de la Miséricorde divine. Plusieurs mystiques postérieurs, ayant sans doute saisi cette situation, ont tenté d'établir une synthèse de leurs systèmes. Toutefois, à l'exception d'Ibn 'Arabî (m. 638/1240), ils ont souvent cédé à l'impact de la tradition « orthodoxe » et opéré des coupes sombres dans les notions-clés utilisées par les deux grands maîtres. En vue de pallier cette déperdition, nous nous sommes proposé de mettre en lumière les principaux axes théoriques de leurs pensées respectives à travers une étude historique et comparative.
Rédigez votre propre commentaire