Années rouges (les)

Cinquante, quatre-vingts, deux cents, deux cent cinquante victimes ? Combien de m0115 faudra-t-il encore aux «visiteurs de la nuit»! pour assouvir leur haine? Les mémoires enterreront les chiffres, mais elles ne pourront jamais oublier Sidi Kebir, Bougara, Hay Raïs, Beni Slîmane, Sidi Youcef, Bentalha, Serhane´. Elles se souviendront de ces villages aux murs maculés de sang. Sang de la terreur et de la folie meurtrière. Nuits de la déraison et de l´horreur absolue. Matins silencieux et froids. Matins stupides où des rescapés témoignent, parce qu´ils veulent croire que leur vie à encore un sens. Quelles paroles, quels mots pourraient dire ce qui leur arrive ? Un adolescent de quatorze ans raconte : «Ils ont exterminé toute ma famille, l´un des tueurs à pris mon petit frère, un nourrisson agé de deux mois, je l´ai entendu dire à un autre: Voici un agneau bien tendre, je te l´offre, sacrifie-le. J´ai vu la lame du couteau briller dans la nuit, ils lui ont tranché la gorge là, à cet endroit… à cet endroit. .. «Quant à moi, j´ai pu leur échapper parce que je me suis caché sous deux autres cadavres et ils ont cru que j´étais mort. Je me suis barbouillé de sang».