Avec ses dix-huit communautés - douze chrétiennes, cinq musulmanes et une juive -, le Liban est souvent considéré comme l´exemple type d´une société segmentée selon des critères d´appartenance religieuse.Le grand mérite de l´ouvrage de Aïda Kanafani-Zahar est de nous faire découvrir, à partir d´une enquête localisée et approfondie, comment des Libanais vivent ensemble avec leurs différences religieuses. Certes, la mémoire des massacres est présente et les processus de réconciliation engagés entre des villageois druzes et chrétiens avancent pas à pas : sans effacer les crimes, il s´agit de vivre avec, de réapprendre à vivre ensemble avec ce passé-là. Le livre qu´on va lire se focalise sur le vécu d´un village bi-religieux du Mont Liban : Hsoun, un village habité par des chrétiens maronites et des musulmans chiites.Il ne s´agit pas seulement d´une coexistence de deux communautés, mais d´un véritable échange vecteur de lien social : la différence, si elle peut être séparatrice et polémogène, peut aussi être intégratrice et pacificatrice. Loin d´être abolie, elle est reconnue et respectée nourrissant une civilité interconfessionnelle reposant sur une bonne connaissance de la religion de l´autre. Il y à des limites et on sait ne pas les franchir, c´est la base même du vivre-ensemble de ces maronites et ces chiites qui se sentent unis comme appartenant à une même terre, celle de leurs ancêtres et celle qu´ils ont appris à travailler, quelquefois ensemble au nom de l´entraide traditionnelle entre voisins.La religion est ici une culture structurante et englobante pourvoyeuse d´une identité régulièrement vécue à travers des rites et coutumes qui entretiennent le sentiment d´un entre-soi symbolique. Une manière d´être, une façon de faire lien, de se rapporter au monde, de vivre le don et d´accepter la différence...
Rédigez votre propre commentaire