Les contributions paraissant dans ce numéro couvrent les aires géographiques du continent allant d´Alger à Johannesburg et de Brazzaville à Kigali, elles éclairent certains aspects de la question posée au départ. Présentées dans un ordre qui combine chronologie et concentrations géographiques, elles ne défendent aucune thèse. À mon sens, elles mettent surtout en évidence l´autonomie des conflits actuels et soulignent la recherche, par des acteurs politiques (dans le sens de leur volonté de débattre des rapports d~ pouvoir et du contrôle de l´État), des voies et des moyens permettant de transformer l´Etat post-colonial en institution politique locale et régionale. Contrairement à l´apparence - due surtout à des lectures médiatiques, nécessairement rapides, parfois caricaturales - les déchirures sanglantes ne visent pas à éradiquer l´Etat post-colonial en tant qu´institution mais à se l´approprier, à le domestiquer, à en faire l´instrument de réalisation des objectifs régionaux et locaux. L´institution étatique n´en est pas victime mais l´enjeu, même si la remise en question radicale de son monopole de la violence, de son monopole de tuer, de torturer, de mutiler se traduit nécessairement par la reformulation de l´ordre politique et de sa légitimation. Comme toute norme instituée, la violence étatique découle d´une exception initiale érigée en stratégie politique dans le but de maîtriser l´ordre qu´elle à engendré. Canguilhem, Foucault, aujourd´hui Agamben, l´ont démontré à propos de la folie et de la santé psychique, de la souveraineté et de l´état d´exception, ce dossier suggère qu´il en est ainsi de la violence et de son absence d´un ordre des choses et des êtres.
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