Le rapport au droit est le grand impensé des sociétés arabo-musulmanes. Non qu'elles ignorent le droit, bien au contraire : ce sont les sociétés les plus juridicisées qui soient. Mais celui auquel elles consentent n'est en rien séparé des autres instances. Il n'a d'existence qu'à travers la religion, réceptable tout ensemble de la foi, de la morale, des mœurs et des lois. Ces sociétés entretiennent une relation très particulière au temps qui situe leur avenir dans le passé, où un modèle idéal est censé s'être réalisé au cours de la période prophétique. La pensée dominante en islam exclut dont toute possibilité d'historicisation : la loi est valable en tout temps et en tout lieu, et l'œuvre des jurisconsultes se borne à découvrir dans la révélation la norme qu'ils énoncent. La raison autonome et fondatrice s'y est en outre vite effacée au profit d'une raison instrumentale dédiée à la seule compréhension du Texte et déniant au droit sa dimension sociale et humaine. Puisque...
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