L´islamisme n´est certes pas le seul défi que doivent affronter les gouvernements arabes. D´autres défis très importants existent , comment maîtriser les profondes mutations sociales de ces dernières décennies, quelle place accorder au religieux dans des sociétés de plus en plus sécularisées, mais dont l´islam constitue une référence identitaire forte, comment engager la société dans une modernisation inéluctable mais contrôlée, développer l´économie à l´heure de la mondialisation, instituer des modalités démocratiques de régulation des conflits et d´exercice du pouvoir, garantir davantage de justice sociale ? Cependant la gestion de l´opposition islamiste demeure une question centrale aujourd´hui, dans la mesure où ces mouvements ont réussi à s´imposer comme les principaux vecteurs de la contestation. Plusieurs stratégies ont été mises en oeuvre, qui ont plus ou moins réussi : option sécuritaire, confrontation totale et recours à la violence, endiguement (canalisation par légalisation d´une partie des groupes islamistes ou cooptation de certains leaders jugés modérés). En somme, le débat posé par cette épreuve avec l´islamisme est celui de la démocratie : institution d´un espace politique pluraliste susceptible d´intégrer les composantes légalistes, mais aussi capacité des pouvoirs à se renouveler et à répondre aux différentes aspirations sociales. Le présent ouvrage est consacré précisément à cette problématique appliquée aux trois pays du Maghreb - Maroc, Algérie et Tunisie -, tiraillés entre les pratiques autoritaires des régimes, l´essor d´un islamisme parfois protestataire mais légaliste, parfois liberticide, voire meurtrier, et une formidable aspiration des peuples à la démocratie, à la liberté et à la justice - mais qui vivent ces défis et ces contraintes de manière sensiblement différente.
Rédigez votre propre commentaire