Toute sa vie, Muhammad ´Abd al-Qadir Bafaqih s´est passionné pour l´histoire de l´Arabie ancienne, même si les fonctions officielles, comme la charge d´ambassadeur à Paris, où il représenta la République démocratique et populaire du Yémen pendant une dizaine d´années, à partir de 1973, l´ont parfois éloigné de la recherche pure. Il suffit de rappeler qu´on lui doit d´importantes découvertes archéologiques, rapportées notamment dans ´atàr wa-nuqüs al-´Uqla, Le Caire, [1967], et une révision radicale des hypothèses chronologiques en vogue à l´époque, publiée à Beyrouth en 1973 sous le titre Ta´rih al- Yaman al-qadim, ouvrage qui à été réimprimé plusieurs fois depuis lors. Le Yémen, pendant les douze ou quatorze siècles qui précédèrent la prédication du prophète Muhammad, fut le berceau de plusieurs royaumes qui développèrent une civilisation originale , ils ont laissé des vestiges spectaculaires et des milliers de textes gravés dans la pierre ou coulés dans le bronze. Dresser l´inventaire de ces antiquités est une tache prioritaire. Jeune responsable de l´éducation à Mukalla, M. Bafaqih parcourut le Hadramawt à la recherche de nouveaux sites et d´inscriptions inédites. Il acquit bien vite une grande maîtrise des textes épigraphiques, écrits dans un alphabet et une langue qui diffèrent de l´arabe, et en retira la conviction que les savants européens n´avaient pas compris l´histoire de son pays : la théorie selon laquelle pouvaient coexister dans les principaux royaumes plusieurs dynasties concurrentes, ayant la même capitale et gouvernant depuis le même palais, lui semblait notamment contraire à toute vraisemblance.
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