Rédigé entre 1953 et 1960, le présent essai montre qu'on ne peut réduire Corbin à un simple historien de la philosophie. Si les Macrobe de l'Antiquité tardive et les Pléthon de l'époque byzantine ont ponctué son œuvre, ce fut pour aider à réactualiser le néoplatonisme au cœur de nos débats. Devenu orientaliste, Corbin dérangea plus qu'un antimoderne. Comme Sartre, il n'en appela ni à la vérité ni à l'absolu, et se saisit d'un discours particuliler ; mais ce discours, c'est en Iran qu'il est allé le chercher. Son livre prête en effet au néoplatonisme de ce pays une mission spirituelle faisant résonner le passé préislamique (l'Iran mazdéen) dans la gnose de l'École d'Ispahan (l'Iran shî'ite). Quand le paganisme se voit concilié avec le monothéisme, un tel dépassement permet, plutôt que brandir le concret contre l'abstrait, de s'ouvrir enfin au vrai. Loin d'être une métaphore, le vrai recouvre, pour Corbin, un événement à prendre à sa source. Là où l'on opposa à l'existentialisme un vain réenchantement du monde, la dialectique de ce livre, plus radicale et réaliste, invite à s'engager dans le monde imaginal. Le lecteur en découvrira une charte vive d'actualité.
Rédigez votre propre commentaire