D´où vient cette immense demande de « citoyenneté » qui monte des sociétés à majorité musulmane et qui se manifeste par l´essor sans précédent d´un mouvement associatif désormais bien ancré dans l´espace public ? Force est de constater que la « société civile » est devenue aujourd´hui la référence de tous les acteurs sur la scène politique des pays musulmans : défenseurs des droits de l´homme, bien sûr, mais aussi mouvements se réclamant de l´islam et même les régimes autoritaires, tous reprennent à leur compte un concept initié par les grandes puissances occidentales et les ONG internationales, qui veulent voir dans la « société civile » les prémices d´une démocratisation fondée sur la participation citoyenne.Cet ouvrage collectif entend établir l´état des lieux d´un phénomène dont il faut aussi saisir les origines historiques. Le Maghreb, le Moyen-Orient, mais aussi la Turquie, l´Iran, le Pakistan et l´Afrique subsaharienne vivent aujourd´hui un processus qui semble irréversible, mais dont les effets apparaissent souvent paradoxaux et contradictoires, avec un trait commun dans tous les cas examinés : le vis-à-vis conflictuel des acteurs civils avec les institutions de l´Etat.Dans des pays où les universalismes coexistent avec des particularismes de toutes sortes (communautarismes, corporatismes, tribalisme, etc.), on constate qu´il existe non pas « une », mais « des » sociétés civiles. à travers les nombreux terrains évoqués dans cet ouvrage, par des approches disciplinaires multiples, des questions cruciales sont posées : existe-t-il une spécificité musulmane pour la « société civile » ? Un espace public musulman doit-il, lui aussi, être redéfini ? La société civile musulmane, si elle existe, amorce-t-elle un chemin autochtone vers la démocratie ?
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