Tizi-Ouzou, avril 1997, ou mois d´un si proche présent qui reste à toujours de notre d´actualité. Ici, peu nous importent le mois et l´année (même si cela est, pour la chronologie de l´histoire que vit l´auteur - ancien appelé d´Algérie - au travers de ses héros, nécessaire). Est-ce indispensable de savoir le mois de la douleur et de l´horreur, quand ce récit nous est quotidien et familier par son malheur? Dans cette Algérie d´un aujourd´hui noir, manichéen et extrême où se mêlent douleur, espoir, barbarie, violence, tendresse, l´angoisse, enfant, père, mère et attente à des jours de liberté, entre intégrisme et fuite, entre désespérance et apocalypse, l´attente toujours en l´homme et en la démocratie multiplie nos raisons de ne plus désespérer. Le récit que nous offre l´auteur est la rencontre de deux générations, deux raisons, et deux fureurs de ne point accepter la tragédie des leurs. Entre Kahena, nom prestigieux, légendaire, cette femme sage de 73 ans, et Salima, jeune fille espérante de 16 ans (sa petite-fille), s´engage l´histoire de leur terre d´avant, de l´époque de la France, la mort de l´époux, du choix de deux fils, l´un parti en France et l´autre resté en Algérie, de l´aujourd´hui des petits-enfants. Court texte, écriture fluide et simple aux couleurs de cette Kabylie qui nous offre tant de rêves et de nostalgiques retours. Dans cet imbroglio où le fil d´un labyrinthe ensanglanté nous tire vers le désespoir et nous lie, Jean-Pierre Gaildraud, par sa vision et sa perception personnelles, laisse à la mère, à la femme, à la fille une ou la réponse pour que cesse cette tragédie qui reste d´actualité tant en France qu´en Algérie. Jean-Pierre Gaildraud est né en 1936 à Limoges où il enseigne actuellement. Officier de réserve, il part en Algérie en 1960, combattre, malgré lui, comme il le dit, dans la « sale guerre d´Algérie ». Il y sera chef de harka en Kabylie. Membre de la FNACA, il participe à de nombreux débats et par un souci de mémoire, témoigne. Kahena est son quatrième ouvrage.
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