Miskawayh à une réelle vocation de philosophe, avant d'être historien : comme les humanistes, il s'efforce de définir la nature organique et psychologique de l'homme, sa relation au monde, sa vocation terrestre et supraterrestre. L'apport du Coran lui-même résidant plus dans la formulation structurée que dans le contenu de l'Idéal moral, tout l'effort de Miskawayh, dans le Traité d'Éthique, consiste à projeter sur l'Image symbolique et idéale de l'homme parfait un éclairage philosophique, et à donner à cette tradition obscurément ressentie et empiriquement vécue une cohérence rationnelle, propre à la faire passer du stade d'une moralité limitée à un groupe social ou à une époque, à celui d'Éthique prise comme discipline indépendante. Malgré l'abondance et la variété de l'œuvre d'al-Kindi telle que nous la présente Ibn al-Nadim, malgré l'importance doctrinale de celle de Fil manquait encore jusqu'à Miskawayh un « Traité d'Éthique » qui fût pour le monde arabe ce que l'Éthique à Nicomaque à été pour les Grecs, c'est-à-dire qui présentât en un volume une ample théorie de la vie morale. C'est pourquoi, après que ce traité fut publié en 1969 par l'Institut français de Damas, puis réimprimé en 1980, il prend place maintenant dans une collection de textes philosophiques.
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