« La foi est d´entre les statuts fixés par Dieu et son Messager. Ce n´est pas quelque chose dont les gens jugeront leurs opinions et leurs caprices ! » à l´aube du VIII/XIVe siècle, multiples sont les groupes de soufis déviants vis-à-vis desquels Ibn Taymiyya (m.728/1328) est invité à se prononcer. Il y à notamment les calenders, sorte de hippies avant la lettre, anticonformistes et libertaires… Plutôt que de se contenter de traiter de mécréants ces derviches et leurs semblables, le Shaykh de l´Islam fustige les ulémas, souligne l´ignorance religieuse dans laquelle ils laissent la plupart des gens et rappelle l´obligation de la tolérance : pas de « takfîr » (ex-communion) sans communication préalable du Message prophétique ! D´autant plus que Dieu à pardonné les fautes et les oublis de cette communauté. Ibn Taymiyya évoque notamment deux hadîths. L´un concerne un temps où, de la religion, les musulmans ne connaîtront plus que « La ilaha illa Llah » , le second, un agonisant ayant souhaité être incinéré. Le « Fetwa des calenders » et deux autres textes taymiyyens en éclairant le sens sont ici traduits en français pour la première fois. Ils révèlent en Ibn Taymiyya un théologien complexe et ouvert, modéré et indulgent, non l´excommunicateur empressé de beaucoup de militants se réclament de lui, ni le parangon d´intolérance extrême imaginé par certains nouveaux orientalistes ou « The 9/11 Commmission Report ». Y. Michot est KFAS Fellow à l´Oxford Centre for Islamic Studies et enseigne la théologie musulmane à l´Université d´Oxford.
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