Les régimes politiques du monde arabe se singularisent par leur caractère autoritaire. Cette spécificité est au centre de la réflexion des influents think tanks néo-conservateurs américains analysant les sources des blocages et des menaces potentielles du Moyen-Orient. Mais l´opération en Irak n´a pas enclenché le cercle vertueux de la démocratisation et de la résurgence de la société civile irakienne, clé d´un hypothétique remodelage régional. L´examen parallèle des deux cas syrien et jordanien permet de comprendre comment les régimes autoritaires émergent, se stabilisent, perdurent, évoluent avec des degrés d´ouverture différenciés et modèlent leur société. Syrie et Jordanie sont en effet marquées par l´importance que tient historiquement le milieu urbain dans les rapports de force constitutifs du politique. Les notables urbains constituent le socle des scènes nationales apparues avec l´effondrement de l´Empire ottoman. à partir des années 1950-1960, de nouveaux types de régimes les écartent (dans un cas) ou les incorporent (dans l´autre), dessinant la genèse des autoritarismes que connaissent jusqu´à aujourd´hui ces deux pays. Philippe Droz-Vincent est maître de conférences en science politique.
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